Connu de tous les chasseurs, considéré comme le meilleur peintre " Sauvaginier " du XXème siècle, Boris Riab aura pratiquement dessiné tous les gibiers de notre hémisphère.
C'est dans les 4000 hectares que possèdent les Riabouchinsky au nord de Moscou que le jeune Boris est initié par son père et son oncle aux environs de 1910, à l'observation de la nature. Ainsi il découvre la chasse, au gros gibier, loup, ours… très pratiquée en Russie, puis la chasse au chien d'arrêt pour le petit gibier qu'il traque à l'aide de pointers.
Boris fait de brillantes études littéraires, il apprend le français, l'anglais, l'allemand et l'italien, langages qui lui serviront lors de ses divers déplacements. Il montre très tôt des dons pour le dessin et ramène vite de nombreux croquis de ses sorties de chasse.
Il suit des cours de dessin et de peinture à l'Académie des Beaux Arts de Moscou où ses professeurs sont Monsieur Visotsky puis Monsieur Stepanoff.
En 1916, il fait son service militaire dans la cavalerie du Tsar où il devient lieutenant.
En 1917, les premières émeutes éclatent en Russie et le Tsar abdique.
Le 16 et 17 juillet 1918, la famille impériale est assassinée à Ekaterinbourg et la guerre contre les « Russes blancs » commence.
De 1918 à 1920 les entreprises industrielles sont nationalisées et la position de la bourgeoisie est de plus en plus menacée.
La famille Riabouchinsky est alors spoliée de ses biens par les communistes et doit rapidement quitter la Russie.
La sœur de Boris et une partie de la famille partent pour l'Italie, en particulier pour Milan et tous se dispersent.
Boris reste en Russie où il est toujours officier dans l'armée alors que le régime bolchevique est de plus en plus dur.
Il reste ainsi deux ans et décide en 1920 de partir pour la Turquie où il est accueilli à Constantinople par le Consulat des Pays-Bas, chargé des intérêts russes.
Le 16 décembre 1920, le consulat fait en sorte que Riabouchinsky puisse passer les frontières et lui accorde un visa pour Milan où il retrouve quelques membres de sa famille. Il n'a emporté avec lui que quelques objets dont deux icônes, marquant ainsi son appartenance à la religion orthodoxe. Il reste en Italie jusqu'en 1923 où il décide de devenir peintre animalier.
Le 30 mars 1923, il obtient un visa pour la Grande-Bretagne où il reste quelques mois. Il part ensuite au Canada et y reste deux ans, vivant dans la région de Montréal. Là, il voyage jusqu'aux Etats-Unis, il chasse, il observe et il dessine.
Il retourne en Grande Bretagne où ses dessins et ses peintures se vendent très bien, il signe alors « B. Riabouchinsky » et ce jusqu'en 1930 environ.
En 1925 et 1926, il séjourne en Ecosse où il peint des paysages typiques.
En 1927 Boris Riabouchinsky arrive en France où il reste jusqu'à la fin de sa vie. Il s'installe d'abord à Paris dans le 15ème arrondissement à l'Hôtel Savoy, 16 rue Desnouettes. En 1932, il prend un appartement au 36 de la rue Saint Lambert.
Nous savons qu'à cette époque, il est marié avec une compatriote russe du nom de Nadine Prokopovitch.
Riab se fait peu à peu connaître dans le milieu des animaliers et adhère dès son arrivée au « Syndicat des artistes peintres professionnels ».
Il parle très bien le français qu'il pratique depuis longtemps, ce qui facilite son entrée dans le milieu cynégétique et hippique.
En effet, il suit les courses et les concours et les représente. Il s'introduit dans le cénacle des Fields-Trials de chiens d'arrêt et des expositions canines où les amateurs lui demandent de peindre leurs animaux.
Riab fréquente le Muséum d'Histoire Naturelle et travaille alors avec Merite et Reboussin qui sont successivement maîtres de dessin animalier au musée ; ainsi, il devient leur ami.
Dans les années trente, il décide de raccourcir sa signature craignant avec son véritable nom d'être pris pour un juif.
Il se fait appeler Riab.
Après 1935, Riab devient son nom et sa signature usuelle, et ce jusqu'à la fin de sa vie.
En 1939, Riab est déjà connu dans le milieu cynophile et travaille essentiellement sur commande.
De 1947 à 1950, il travaille pour l'Amérique, surtout pour Monsieur Alan Rutherford Stuyvesant dont une partie de la famille est française
par les Caraman Chimay.
Cet homme est le Président du Club Américain de l'épagneul breton. Riab produit aussi quelques illustrations pour la presse canine d'outre atlantique. Son activité est réduite pendant la guerre, mais, après 1945, le nom de Riab est connu et reconnu.
Il est alors sollicité pour illustrer de nombreuses revues : « le Saint Hubert », « la Sauvagine », « Chasse, chiens et vénerie »,
« L'éleveur » et « Plaisirs de la Chasse ».
Riab participe aux réunions parisiennes où se retrouvent les passionnés de chasse et surtout de chiens, mais aussi les amateurs de sa peinture, spécialistes de l'épagneul breton.
A cette époque, Riab habite à deux pas des bords de Marne, à Joinville le Pont, dans une petite maison qui lui permet d'avoir un atelier, un jardinet et donc un chien… Il expose en permanence à Paris dans la Galerie Daucher au 34 avenue de l'Opéra.
Monsieur Daucher joue un grand rôle dans la promotion du travail de Riab en réalisant des gravures d'après ses aquarelles.
Il le fait également travailler pour des sociétés commerciales ou pour illustrer des calendriers.
Mais l'artiste utilise peu la commercialisation des reproductions ce qui accentue le fait qu'il n'est que peu connu du grand public de l'époque.
Dans les années 1950, il participe au Salon des Animaliers où il rencontre Oberthür, Poret, Reille, Brulard, Penot, Marcuez et les sculpteurs Fath, Lesage et Benoist-Gironnière. Lors de ses diverses sorties, Riab a toujours son carnet de croquis sur lui.
Son œuvre est surtout constituée d'aquarelles, de quelques huiles réalisées sur commande et de gouaches d'avant 1935.
En France, il ne chasse plus mais observe, prend des notes et croque ce qu'il peut admirer dans les chasses de ses amis en Beauce, Seine et Marne ou Sologne. Il se rend aussi fréquemment dans l'Yonne où il fait travailler sa chienne, accompagnant toujours des amis car il ne conduit pas.
Il est membre de l'Association Nationale des Chasseurs de Gibier d'Eau où il rencontre Jean Deneuville, grand protecteur des zones humides ; les deux hommes deviendront très amis.
Riab réalisera pour lui de nombreuses représentations de la Baie de Somme et de son gibier.
Riab se rend tous les ans, et pendant plusieurs années, dans cette région passant des journées entières dans les huttes à observer les oiseaux.
En 1956, Riab va en Italie voir sa mère et sa sœur, puis en Suisse pour rencontrer un éditeur avec lequel il travaille.
En 1960, sa mère décède à l'âge de 86 ans, et son épouse deux ans plus tard.
Cette période est très difficile pour l'artiste qui tombe malade (grippe puis pneumonie). Il est alors hospitalisé à Créteil et reçoit la visite de Jean Deneuville et d'autres amis.
Le 19 décembre 1963, il épouse Louise Viriot en secondes noces, il reprend alors goût à la vie et se remet à peindre.
Riab doit quitter Joinville et après avoir hésité entre le Canada et la Baie de Somme, achète en 1964 une maison dans la Sarthe, à Saint Vincent du Lorouer dans le lieu dit des Mortonnières en bordure de la forêt de Bercé.
C'est là qu'il passe ses douze dernières années.
Riab est heureux avec sa nouvelle épouse, il reçoivent des amis, la famille et Jean Gilbert, fils du premier mariage de Louise Viriot.
En 1967, le dernier ami russe que fréquentait encore Riab en France meurt.
Ils s'étaient rencontrés au Lycée à Moscou et se connaissaient donc depuis de longues années.
Ce décès ravive chez l'artiste la blessure profonde d'avoir du quitter son pays sans pouvoir jamais y retourner.
Ce sentiment de nostalgie ne le quitta jamais et nous le retrouvons dans son œuvre à travers la représentation récurrente du bouleau, arbre typique des forêts russes.
De 1964 à 1972 Riab travaille beaucoup et voit peu de monde du fait de la situation d'isolement de sa maison.
Il devient ami avec Robert Clavel, employé de l'Office National des Forêts, gestionnaire de la forêt de Bercé.
En 1973, la situation financière des Riab devient difficile car le successeur de Monsieur Daucher paye peu les aquarelles demandées et oublie de régler les droits d'auteur pour la reproduction des œuvres de l'artiste.
La santé de celui-ci se dégrade et c'est en 1973 qu'il réalise sa dernière aquarelle.
En 1974, des problèmes cardio-vasculaires s'aggravent, il parle difficilement, n'écrit et ne signe plus, mais refuse de voir un médecin.
En mars 1974, il est atteint d'hémiplégie. Il meurt le 18 août 1975 dans l'ambulance qui l'emmène à l'hôpital.
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